25 juillet 2006
l'Ambassade de la République Fédérale d'Allemagne m'a téléphoné dans la matinée. Les Affaires Etrangères que j'avais contactées en Allemagne, les avaient informé.
Ils connaissaient l'histoire de leur compatriote Wichert Werner, grâce à ce blog. Nous avons parlé de son cas mais ils ne peuvent pas intervenir financièrement d'une part et s'immiscer dans l'administration française d'autre part. Nous avons cependant convenu de certaines choses que je tiens à garder secrètes, le temps de !

Par ailleurs, j'ai répondu au commentaire de Oncle Pic'sou - article - car bien des questions restent sur les lèvres : combien cela va-t-il lui coûter ?.

Cet après-midi, je suis passé rendre visite à Werner pour lui remettre ses papiers importants qu'il m'avait demandé de garder pendant l'opération remorquage. Nous avons parlé de nos familles autour d'un verre de Coka et des gaufrettes de Dunkerque. LISA est donc le prénom de sa petite fille - voir l'article de Claire Lefebvre dans la Voix du Nord du 25 juillet 2006 - qui est elle-même la fille de sa fille. Il a aussi un garçon, actuellement en recherche d'emploi.
Il a très bien dormi, pour une fois. Le personnel du Grand Large veille sur lui.
Ensuite, il a tenu à me montrer ce qu'il envisageait de faire comme raccourcir son mât tordu : une coupe ici et une coupe là, puis assemblage et soudure.
Tout paraît si simple avec lui, il connaît son voilier sur le bout des doigts mais comme il dit, on fera cela "step by step".
En regardant son guindeau, Werner m'explique que n'ayant pas de dégrippant, il avait utilisé du coka ... et c'est très efficace à en croire la démonstration faite ensuite sur le guindeau.
Il a nettoyé aussi son annexe : pleine de sable, de sel ... 10 jours sur la plage de Malo, ça laisse des traces :-) .

Jeudi, dans le courant de l'après midi, le Travel Lift du Grand Large prendra le LISA pour le déposer sur un ber avec l'aide de BOB et des copains de BOB, sous les ordres de Werner.

Je vous ferai un compte rendu "step by step" des travaux sur le LISA.
D'ores et déjà, si vous voulez aider Werner à remettre son LISA en état et/ou si vous connaissez des entreprises susceptibles de lui venir en aide - n'oublions pas que la facture du remorquage est salée, et même super salée - , écrivez-moi à cette adresse : jeanW.delarochelleW@free.fr (Attention : supprimez les 2 W, c'est simplement pour désorienter les robots ... et puis ce sont les initiales de Werner Wichert ou double W ).
Avec BOB, on examinera vos propositions et on vous contactera soit par mail - le plus facile pour moi - soit par téléphone si vous nous laissez vos coordonnées.
Ce sont surtout des entreprises de chaudronnerie - pas chères, voire vraiment pas chères :-) - qui nous intéresseraient comme pour souder le mât bien que connaissant Werner, si on lui amène les outils et le matériel, il le ferait : c'était son métier. Ensuite, il y aurait la partie gouvernail ! Là, il y a de quoi faire !
Ensemble, montrons que la Solidarité dans le monde maritime, existe encore sur Dunkerque.

S'il faut amener sur place le mât, nous pouvons le faire aussi. Bref tout est possible.
Je pense que le mieux est de recenser nos forces, nos moyens et ensuite de les affecter là où il faudra et quand il faudra.




Juste pour se détendre un peu, on peut se le permettre :-) , voici le type de machine qui nous aurait intéressé au lendemain de son échouage. C'est la plus grosse machine au monde et elle est allemande.

26 juillet 2006 : 11h00
Comme convenu, nouveau contact avec l'Ambassade de la République Fédérale d'Allemagne : ils m'annoncent d'excellentes nouvelles pour notre ami Werner.
En effet, ils ont pris contact ce matin avec le patron du bateau de pêche dans l'intention de renégocier le prix, mais celui-ci leur a répondu que c'était la Ville de Dunkerque qui allait régler sa facture. Voilà, le temps de - voir au début de cet article, la signification de ces mots - s'est bien passé.
Tous mes remerciements aux personnes de l'Ambassade pour leur présence aux côtés de Werner. Je sais aujourd'hui, qu'ils sont aussi à ses côtés et à nos côtés. Ils suivront l'histoire du LISA sur ce blog. Je suis très heureux, mais vraiment très heureux.
Tout finit bien pour notre ami Werner et on va pouvoir maintenant se concentrer sur ses réparations puisque côté remorquage c'est réglé - cela fait un gros poids en moins pour Werner qui, hier soir, m'expliquait ses difficultés financières - mais les 500 euros dont il dispose ne seront pas suffisants pour l'ensemble des travaux.

26 juillet 2006 : 22h40
Cet après-midi fut d'un calme ! ... Cela m'a permis de revivre l'échange que j'avais eu ce matin avec l'Ambassade, enfin avec la personne qui suit le dossier Werner.
Nous avons parlé de lui, de son séjour sur cette plage de Malo-les -Bains, de tous ces anonymes - ils se reconnaîtront :-) - qui sont venus spontanément à sa rencontre, de cette petite fille qui s'était levée à 6h00 du matin pour lui préparer un gâteau, de l'absence des services sociaux de la ville de Dunkerque - à l'heure, où l'on diffuse des messages sur la canicule du genre "Veiller sur les aînés", ce serait bien qu'à Dunkerque ... - qui ne se sont même pas dérangés pour apporter à ce vieux monsieur un simple verre d'eau ...
Bref une conversation sur le regard que l'on peut porter sur une autre personne, sur la main que l'on doit tendre à celle ou celui qui ne peut plus avancer, ... de la solidarité.
C'est rassurant de savoir que nous ne sommes pas seul !!!

27 juillet 2006 : 13h30
Le soleil n'est pas avec nous aujourd'hui. Le ciel s'assombrit, devient menaçant mais c'est un grand jour pour Werner. Comme il avait remarqué la forme des nuages, il savait que la pluie arrivait.
En attendant notre arrivée, il avait marqué sur sa coque d'un coup de marker, les emplacements que devront prendre les sangles du travel lift. Il me montre des photos prises lors de la mise à l'eau du LISA : les traits sont au bon endroit.
Sébastien lui demande : "Why LISA ?".
La réponse est toute simple : LISA, c'est un nom très court et donc facile à retenir. Et puis il y a une relation entre ce nom et ELVIS PRESLEY - En fait, Lisa Maria (ou Marie) est la fille du King et comme la fille de Werner en est fan, le prénom porté par sa petite fille fut tout naturellement Lisa .
Il nous explique aussi que mettre un nom plus long aurait posé des problèmes pour les autorités telles que Douane, ... pour l'identification du bateau, surtout si des pare-battages, des cordages masquaient ce nom.
Le maître du port nous rappelle soudain à la réalité, il est temps de parer à la manoeuvre.

BOB et Sébastien enlèvent les haussières du LISA. Un plaisancier hollandais leur a même filé un coup de main. Cela donne du beaume au coeur de revoir cette solidarité tant dépréciée dans le milieu maritime! Enfin on commence à naviguer dans des eaux saines.

Deux bateaux du Centre Régional de voile aident à la manoeuvre.


Plusieurs fois, ils sont obligés de remettre le LISA sur le bon axe.

Phase délicate : le LISA se laisse glisser dans le travel lift. La manoeuvre est faite sans problème.

Le temps de régler quelques détails ...

et les 16 tonnes de LISA sont sorties de l'eau. Eh, oui ! vous avez bien lu 16 tonnes !!! Surtout n'allez pas croire que les gentils anonymes lui ont fourni 4 tonnes de nourriture :-) - au départ, il nous avait dit que LISA pesait 12 tonnes ... mais c'était à vide! Et lorsqu'on voit comment Werner a conçu ce voilier, les tonnes supplémentaires ne surprennent pas.

Les deux quilles et le fond plat en font un voilier très particulier.

Le travel lift s'engage dans l'espace réservé au LISA.

Bien que vêtu de rouge, c'est notre super grenouille ... :-) qui passait dans le coin. En fait, son intention était de nous filer un coup de main.

Werner est soulagé : son LISA est au sec. Finalement, il ne repose pas sur ber, compte tenu de sa conception.
La première tournée d'inspection nous a rassuré :

  • les quilles n'ont rien.

Par contre,

  • la protection du safran est pliée : il faut la redresser ou en faire une nouvelle.
  • le gouvernail va poser plus de problèmes si le fourreau de son axe est tordu.
  • les mâts ont subi quelques dommages mais Werner a déjà son idée. Par contre, il faut refaire la partie électrique des feux. Je rassure Werner, c'est mon métier.
  • la motorisation inquiète Werner, d'autant que les Etablissements Debussche ferment pour 15 jours (vacances). Le moteur ne tourne plus à la main. Il faudra démonter les injecteurs et introduire dans les portes injecteurs, du dégrippant.
  • le démarreur, l'alternateur, ... sont à vérifier, et là des surprises nous attendent car pendant la tempête, l'eau a pénétré dans le compartiment moteur.


Je le quitte un peu avec regret mais il sait qu'il peut compter sur nous, sur BOB et sur bien d'autres de nos copains. On se retrouve demain.